PETIT-DEJEUNER A TIBERIADE (à Daniel Roche)

Dix-huit janvier 2016,  8.30 heures du matin, dans une boulangerie- pâtisserie de Tibériade  :

Bébert et Ginette , en partance pour Nazareth (en scooter par temps de pluie), franchissent la porte de l’établissement pour prendre leur petit-déjeuner. Ils se dirigent vers l’étal de viennoiseries et remplissent une poche de papier avec les pinces fournies à cet effet.

Dans la salle vide, le patron et un  client rabbin  conversent. Le patron dit quelque chose en hébreu au rabbin  qui se dirige  à son tour vers l’étal de viennoiseries et les palpe avec les doigts.

– On ne touche pas la nourriture avec les doigts, dit Bébert indisposé,  on  ne touche que ce que l’on mange.

– Le patron m’a dit d’aller tâter pour voir si c’était frais. Mais c’est vrai, monsieur, dit le rabbin en bon français, ma femme  m’aurait dit la même chose; vous êtes français: d’où venez-vous?

-de Savoie dit Bébert, d’Albertville.

-Ah! Chambéry, Annecy, Aix les bains. J’ai fait mes études à l’école talmudique d’Aix-les-bains.

-Alors vous connaissez le directeur de l’école, le rabbin Eliowits, dit Ginette.

–  !!!!  Non, il était rabbin. C’est son fils Shalom Eliowits qui a été le directeur de l’école.

-Chouchou, dit Ginette, on l’appelait Chouchou et il avait une soeur, Rosette.  La famille Eliowits était locataire de ma grand-mère puis de ma mère à Aix les bains dans l’immeuble le Mont Blanc. Shalom est toujours à Aix les Bains?

-Non, il a quitté Aix. Sa sœur Rosette est mariée à un diamantaire d’Anvers. Comment vous appelez-vous?

-Geneviève Perceval et Bertrand Louchet, mon mari.

Les nouvelles connaissances s’assoient à une table et commandent des  cafés qui accompagnent les viennoiseries, cause de la rencontre. Le rabbin s’applique à   prendre ces mêmes viennoiseries qu’il a touchées.

Son mobile sonne: c’est David, son dernier fils né en Israël qui s’appelle comme lui, qui lui donne des nouvelles de son 40ème petit enfant né dans la nuit ; qui n’a pas encore de nom puisqu’il sera circoncis dans une semaine. 40 petits-enfants et arrière-petits-enfants corrige-t-il. Et que faîtes-vous à Tibériade?

-Nous faisons du tourisme  et allons à Nazareth… en scooter dit Bébert Plus exactement j’ai pris une année sabbatique et nous faisons le tour du monde pendant un an. Enfin, on essaie…. Mais comment connaissez-vous la famille Eliowits?

– Je suis arrivé de Tunisie à 14 ans, orphelin et nécessiteux. Le rabbin Eliowits m’a pris sous son aile et  j’ai fait mes études à l’école talmudique d’Aix- les- bains. Je ne parlais pas hébreu : il m’a donné des cours d’hébreu. Quand nous nous sommes mariés en 1968, Perline  et moi n’avions rien, il nous a donné une enveloppe pour notre  voyage de noces à Genève (enfin, une sorte de ) et madame Eliowits  a constitué le trousseau de ma femme…. le rabbin parlait mal le français…

-Mais madame Eliowits le parlait bien , dit Ginette. J’étais petite et je me souviens qu’ elle venait à la maison nous porter des gâteaux où d’autres nourritures qu’ils ne pouvaient  pas manger.

-Madame Eliowits était une sainte, dit le rabbin; vous ne le voyez peut-être pas mais en vous écoutant j’en ai des frissons… Son mobile sonne: c’est sa sœur qui vient aux nouvelles de la santé du dernier- né et de sa mère. Il reprend la conversation:  Vous travaillez encore? demande-t-il à Bébert.

-Oui, je suis avocat.

-au pénal?

-Non;  je fais du droit administratif et du droit immobilier. Je ne suis qu’un petit avocat rural, vous savez.

– j’aurais voulu être avocat…mais je n’ai pas pu.

-Et vous, que faites-vous? demande Bébert.

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-Je suis  sacrificateur pour la viande kacher produite en Israël  pour le marché français . Je m’occupe aussi  de l’accueil des juifs de langue française qui s’installent en  Israël. Et je suis juge au tribunal rabbinique.

-Et bien c’est bien mieux qu’avocat, puisque vous êtes juge! dit Bébert.

Ginette ramène la conversation sur Aix-les-Bains et l’immeuble le Mont Blanc:

-Il y avait aussi madame Berhneim….

-La mère de Gilles Berheim, l’ancien grand rabbin de France!!!! Je lui ai donné des cours d’hébreu chez lui. Le pauvre Gilles a été victime de sa naïveté… Il n’a jamais menti…  ce sont les autres qui lui ont prêté des diplômes  qu’il n’avait pas.

En parlant de tout ça,  j’en ai des frissons….. Je suis en retard, j’ai une réunion à 9heures , il faut y aller.

-Voici ma carte dit Bébert, et si vous avez l’occasion de venir en Savoie nous serons ravis de vous accueillir  avec votre épouse chez nous à Albertville.

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10 réflexions sur “PETIT-DEJEUNER A TIBERIADE (à Daniel Roche)

  1. il faut aller au bord du lac de Tibériade manger le fameux poisson « saint-pierre » ! Bon voyage

    Shalom !!!! ps: sans oublier le rocher de Massada !  la vue d’en haut de l’emplacement des camps romains estétonnante .

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    1. Bien sûr que nous avons mangé du saint-pierre pêché dans le lac!
      Et sommes allés à Massada…en téléphérique aller-retour comme les deux vieux que nous sommes!

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  2. Incroyable cette rencontre ! eh oui, le monde est petit……
    Comme toujours récit très captivant.
    Ginette tu as oublié de mentionner BERTHE, la petite soeur de Chouchou et Rosette, qui jouait avec nous. Dominique doit s’en souvenir aussi.
    Je me souviens très bien de cette période et de la gentillesse de Mme Eliowiztch et de ses bons gâteaux qu’elle nous apportait toujours à Noël.
    Continuez bien la découvert de ce pays. Et après ?

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  3. Extraordinaire cette rencontre qui nous rappelle nos jeunes années aixoises. Gina, tu as une mémoire d’éléphant! Et tu sais enfiler et dénouer les souvenirs!
    Bisous de Suisse

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  4. Non, Marie, j’ai perdu la mémoires des noms… Je ne me rappelle pas de Berthe , mais des bons gâteaux de sa mère par contre , et de l’appartement , qui était bien sombre….

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  5. Tibériade … nous avions couché dans un kiboutz et je m’étais levé de nuit pour voir le soleil se lever sur le lac. Au même moment passait une barque de pêcheur; je tenais ma photo qui ornait trois mois plus tard le livret de baptême d’Anne Louise, ma grande née le 21 février 1978.

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