L’Orange Bleue (suite)…

Neuf mille cinq cent soixante et onze kilomètres. Et si je profitais d’être à Bishkek, dans la capitale du Kirghizstan, pour faire la vidange des dix mille et acheter un pneu de rechange pour la roue du panier ?

Jean Burdet m’avait dit : » Prends un, voire deux, pneus de rechange pour la roue arrière de la moto car elle a des dimensions inhabituelles pour les pays de l’est (17 pouces); mais ne t’enquiquine pas à te charger inutilement de pneus pour les autres roues : tu en trouveras bien sur place ».

Par prudence j’ai quand même acquis à Toulon, avant d’embarquer, un pneu pour la roue avant; bien m’en a pris : même à Toulon il était difficile à trouver.

Ma hantise étant, non la crevaison, mais l’éclatement d’un pneu, dès que je suis arrivé à l’hôtel je me suis enquis de l’endroit où je pourrais trouver celui de dimension assez courante (18 pouces) qui va devoir supporter -c’est le terme- Dame Ginette et ses six paires de chaussures.

– « A quinze kilomètres d’ici, à Kudaybergen, au marché de la pièce détachée, dans les magasins 25 ou 26 ya » (c’est ce que signifie le R à l’envers, dernière lettre de l’alphabet cyrillique)

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En fait de magasins il s’agit de conteneurs accolés les uns aux autres où l’on peut tout trouver pour les camions et voitures

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mais non pour les motos (je n’en ai pas rencontré une seule à Bishkek, ceci expliquant peut-être cela…).

D’ailleurs les miens étaient fermés…

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La pauvre Ginette va donc devoir subir l’humiliante épreuve du « départ-en-vacances-dans-un-aéroport-huppé (celui de Genève-Cointrin)-avec -un-pneu-de-moto–en-bandoulière »… à moins qu’elle ne préfère subir le risque d’un pneu éclaté avant Novosibirsk (Russie) où j’espère bien en trouver un.

Et la vidange ?

Pour cela j’avais tout apporté de France à part les huit litres d’eau indispensables

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Pour faire une bonne vidange il vous faut en effet:

-les outils ad hoc,

-environ quatre litres d’huile,

-un filtre à huile neuf,

-et huit litres d’eau, ou plutôt deux récipients de quatre litres que vous aurez préalablement vidés de leur contenu aqueux : l’un pour recueillir l’huile sale qui va couler et l’autre pour la stocker et l’emporter à la décharge

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Et c’est ainsi que j’ai vidangé l’Orange Bleue.

Je lui doit bien ça, car c’est une formidable entremetteuse. Quand elle roule ce ne sont que pouces levés et coups de klaxon ( au début je croyais que c’était pour me réprimander) et quand elle est à l’arrêt c’est aussitôt l’attroupement

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l’apogée étant atteint lorsque j’invite ses admirateurs à monter dessus et à s’y faire photographier

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et ça, du plus, disons, enveloppé

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à la plus légère

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Qui, après, fera sa timide sur les genoux de son papa (lequel m’offrira le petit déjeuner que je n’avais pas eu le temps de prendre ce jour là).

 

Oui, mes amis : pour susciter la sympathie et lier connaissance rien ne vaut un sidecar.

Ce matin encore, en quittant l’hôtel « Voyajz » (ça ne s’invente pas) la réceptionniste me dit que deux garçons m’attendaient pour me parler.

Le plus vieux voulait absolument me donner son paquet de cigarettes, « Souvenir from Kazakhstan » répétait-il en dépit du fait que je lui aie fait comprendre que je ne fumais pas.

Après m’avoir demandé le prix de l’attelage (question systématique; au début j’hésitais à répondre et puis maintenant je donne le prix réel ), ils m’ont fait connaître leurs noms (Mikhail et Vitali) et leurs âges respectifs ( 25 et 22 ans) et demandé le mien.

Je le leur ai donné.

-Crazy old man !

 

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21 réflexions sur “L’Orange Bleue (suite)…

  1. Non, Marie, le singe c’est comme cela que l’on appelle le passager d’un side-car car dans les virages il doit se pencher et se contortionner à l’extérieur pour faire contre- poids!
    Quand à la recette de la vidange, c’est celle des frites maison, les 8 litres d’eau étant réservés à la vaisselle.
    Ginette Michelin.

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  2. A nouveau merci Bertrand pour ce partage, comme on dit (ton blog redonne du sens à ce mot).

    Les huit litres d’eau, je pensais que c’était pour la réhydratation de l’officiant, dont les besoins en eau au travail, sous ces climats, doivent approcher ceux d’un coureur du Tour de France dans le Galibier.

    On dirait que je me suis trompé. Mais bravo pour avoir amené avec toi les bonnes pratiques (la récupération de l’huile usagée) dans l’Est lointain.

    Amitiés.

    . JL
    Un peu surpris que tu ne mettes pas dans ton moteur de l’huile Silkolene, pour ce voyage…

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  3. J’aurais eu plaisir à faire le singe une fois de plus Bertrand. Profitez bien de ce voyage qui a l’air fabuleux. Sophie (singe de la Punta Bagna 2017)

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    1. Merci Sophie. Quel autre véhicule permettrait à un vieillard comme moi de promener de jolies jeunes filles sans passer pour un « vieux beau » ?
      Quant à la Punta Bagna ce fut « my pleasure » comme disent les américains. A refaire !

      B.

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  4. bonjour Bertrand, c’est avec grand plaisir que nous nous glissons sur le siège passager pour profiter de tes pérégrinations.
    Les inscriptions aux 1000V sont ouvertes. Les 1000 chameaux sont à créer …
    La plaque d’immat noire : discrétion ou casse ?
    Enjoy !!!
    Les ours

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    1. Nous attendons d’être au lac Baïkal pour te dédier un petit article, chère Miss Baïkal, mais cela ne nous empêche pas de penser déjà à vous deux, si sympathiques et courageux; nous, nous ne voyageons que comme les deux petits vieux que nous sommes : sans effort physique et avec le maximum de confort. Nous y gagnons la Wi Fi qui nous permet de vous lire et de vous répondre.
      As-tu passé et réussi ton permis « gros cubes » ? Puis-je compter sur toi comme passagère pour les 1000 vaches ?
      Quant à la plaque d’immatriculation c’est que je trouve les plaques françaises actuelles trop laides et les policiers kirghises (ou kazakhes ou russes…) ne se préoccupent pas de la couleur des plaques étrangères : il suffit que l’immatriculation de la plaque corresponde à celle de la carte grise.

      A bientôt sur les routes du Monde.

      B.

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  5. Bebert, (quel surnom !) 😉
    J’apprécie la lecture de ton Blog depuis plusieurs jours déjà, et je n’avais pas encore écrit.
    Merci pour tout ce que tu nous apportes en écrivant, et c’est avec le sourire que je t’imagine nous raconter ces histoires avec ta verve et ton visage malicieux !
    J’attends avec impatience la suite… en espérant que Ginette puisse te rejoindre rapidement !
    Jean-Luc
    (aussi connu sous le pseudo mimi.lulu)

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    1. Cher Jean-Luc,

      Ginette m’a rejoint. Pour combien de temps ? Pour l’instant elle dort, ayant du mal à se remettre de sa première étape de 10 heures de moto (mais dans quel cadre !).

      Bien à toi,

      Bertrand alias Bébert alias Captain Bertie

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  6. J’ai enfin pris le temps de me plonger dans ton blog …
    Bien m’en a pris 🙂
    Merci Bébert de penser à nous en nous faisant rêver sur cette route de la soie.
    Have a good trip !

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    1. So far so good comme disent les anglais mais sur les routes bosselées j’entends parfois entre le phare et le guidon un bruit de castagnettes… Pourvu que l’ami Jean Burdet ait bien serré tous les écrous !

      Embrasse tes trois princesses de ma part.

      C.B.

      PS :Ne te fiche pas de moi: je sais que les carbus sont factices et que c’est une machine à injection. Pour l’instant je la nourris au 92 octanes alors qu’elle est habituée à l’excellium 98 de chez Total. Penses-tu qu’elle va m’en vouloir ?

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  7. Impatient de la suite…!
    Peut-etre par le Cashemire ou la soie se lie a la laine…?
    Ou par le coeur du Gobi…?
    Bonne route a vous!

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