PAMIR HIGHWAY (1ère partie)

La Pamir Highway c’est la route où les gens sont gentils et les chiens méchants. Ces derniers prennent en effet un malin plaisir à courser les motocyclistes…et les cyclistes venus sur cette voie, la plus haute du monde après celle de Karakoram qui relie l’Inde au Pakistan, faire le « road trip » de leur vie.

Appelée officiellement M 41 elle relie Mazar-e Sharif, en Afghanistan, à Osh, au Kirghizstan, en passant par l’Ouzbékistan et le Tadjikistan

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Moi je ne l’ai pas prise à son début, ayant renoncé à passer par l’Afghanistan (voir supra « Histoire de visas »), mais, venant de Samarcande, à Douchanbé, capitale du Tadjikistan.

Mais commençons par le commencement.

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Le pauvre Robert Byron, qui s’extasiait devant un tas de  vieilles briques, s’il avait pu visiter Samarcande, aurait à coup sûr éprouvé le  « syndrome de Florence »*. Hélas pour lui, à l’époque, cette ville et celle de Boukhara lui étaient interdites pour se trouver en U.R.S.S. Il a donc du « se contenter », si j’ose dire, de l’Iran et de l’Afghanistan sans pouvoir franchir cet Oxus, autrement dit l’ Amou Daria, que les autochtones appellent « Piandj » et qui sépare aujourd’hui la guerre de la paix, à savoir l’Afghanistan de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan

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        (L’Afghanistan vu de la rive tadjike)

 

Moi qui pensait avoir vu, avec la place Naghsh e Jahan ( « Modèle du Monde« , rien que ça) à Ispahan, ce que la main de l’homme pouvait -avec l’aide d’Allah- créer de mieux en matière d’architecture, le Registan de Samarcande a détruit mes certitudes

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George Curzon, à la fin du XIXème siècle, le tenait pour le plus grand et le plus élégant ensemble architectural du monde musulman et même du monde entier « dans la mesure où aucun site, aucune ville occidentale, ne dispose sur trois côtés de cathédrales gothiques de premier ordre« .

C’est ébloui par toute cette beauté que je me suis mis en route pour Douchanbé, capitale de style soviétique du Tadjikistan, pour y rejoindre la M 41.

N’ayant emporté qu’un seul pneu de rechange pour la roue avant de la moto et celle du panier et sachant qu’après Douchanbé je n’en trouverai plus jusqu’en Russie, je me suis rendu, sur les conseils d’Edouard et Mathilde, chez le seul mécanicien moto d’Asie Centrale : Abdulaziz, dit « Aziz »

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où j’ai trouvé, pour 40 US $, un pneu d’occasion presque neuf

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L’on verra bientôt que j’ai eu du nez…

Le lendemain je suis parti sur la Pamir Highway…

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  (Oui, je suis passé là dessus.)

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      (Et là dessus aussi.)

…empruntée, jusqu’à Kalai Khumb, par les camions venant de Chine

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et dont certains n’arriveront jamais

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et alors que j’étais sur une portion que je croyais déserte :

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Je me suis donc confortablement installé pour mettre en place le pneu d’Abdulaziz et dans les cinq minutes…

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C’est comme ça que j’ai fait la connaissance de Mashura Abdolova,

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à qui j’ai donné les derniers cadeaux de Dame Ginette, et de sa famille

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Si vous voulez vous faire une idée de la partie Tadjik de la Pamir Highway imaginez vous en Tintin dans « On a marché sur la Lune »

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un monde minéral…

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(Sur les côtés de la route le blanc n’est pas de la neige, bien que l’on soit aux environs de 4.000 mètres d’altitude, mais du sel)

où le GPS ne fonctionne plus -ou mal- car la route longe la frontière chinoise

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et où les rares habitants semblent aussi chétifs que les fleurs

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Il faut dire que les cols sont à 4.200 mètres, voire 4.600 mètres

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et qu’ils m’ont permis de constater que la brave Orange Bleue, même nourrie au 92 indice d’octane, tenait vaillamment le ralenti.

Le triomphe de Triumph !

(A suivre…)

* https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_Stendhal

 

 

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20 réflexions sur “PAMIR HIGHWAY (1ère partie)

  1. Tu vas d’aventures en aventures et tu fais de belles rencontres.
    J’attends tjrs des recits avec impatience.
    Moi je me contente d’Albertville (plus plan plan)
    et des soins à la Lechere avec Dame Ginette…
    (Jambes de gazelle)
    Bonne continuation
    Marie

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  2. Génial !!! je suis bluffé par l’orange bleue qui tient le ralenti à 4000 m ! ma vieille Willys vers 3000 me fait du « vapor lock » !! je n’aurais pas pu te suivre !! Bonne continuation cher Bertrand .

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    1. C’est le miracle de l’injection et du pilotage de la carburation par ordinateur…tant que ça marche, car quand cela ne fonctionne plus -parce que la cartographie n’a été paramétrée que jusqu’à une altitude inférieure à celle où l’on se trouve, par exemple, expérience vécue par mon ami Gilles Saleur en Amérique du Sud – il n’y a plus rien à faire alors qu’avec un bon vieux carbu l’on peut toujours ajuster les réglages, voire changer le gicleur.

      T’as pensé à changer ton gicleur mon Gérard ?

      Bien à toi,

      Bertrand

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  3. Très belles photos incitant au rêve… Ton post tombe au moment où j’écoute Jean-Patrick Capdevielle et son désert, j’ai la tête remplie d’hallucinations : C’est l’effet du Beh Behr !

    Encore, je suis accro 🙂

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  4. Merci à nouveau ! Je suis tes aventures avec délectation, tu vis des moments exceptionnels ! Et nous par la même occasion, nous sommes tous avide de lire tes aventures ! Merci de nous faire partager ce formidable voyage ! 🙂

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    1. Mais c’est moi qui te remercie -qui vous remercie- de me suivre car par une mystérieuse formule mathématique restée jusqu’à présent à l’état de conjecture un plaisir partagé est un plaisir multiplié.
      On va l’appeler la conjecture de Mimilulu.

      Bien à toi,

      Bertrand

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  5. Bravo et merci pour ces reportages addictifs !
    Le fait de te connaitre fait qu’on a plus l’impression d’y être !! Bizarre ?
    Encorrrrrrrrrrre !

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  6. merveilleuses images qu’on ne se lasse pas, encore et encore d’admirer….Et grâce à qui ? A Notre cher et généreux Bebert…
    La bise
    le riri

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  7. Bravo papa! C’est magnifique.
    On se croirait dans une émission qui s’appelle « les routes de l’impossible » avec des camions dans les ravins et des conducteurs de semi-remorques qui prennent des routes qui s’effondrent à 4.000 mètres d’altitude.

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    1. C’est quand même un peu ça : dans la dernière portion de la route M 41, je m’étonnais de l’absence totale de camions venant en sens inverse. J’ai eu la solution quand je suis arrivé à un pont effondré sur un petit torrent : les camions ne pouvaient pas aller au delà. Mais, de mon côté, des traces de pneus (de 4X4 ?) partaient dans la pente et semblaient mener à un gué en aval. J’ai alors fait la bêtise à ne pas faire : sans aller d’abord voir, à pied, si l’attelage pourrait passer, je l’ai d’emblée engagé. La brave bête à failli s’enliser dans le lit, heureusement sec à cet endroit du torrent (j’ai du descendre de la selle et la pousser tout en donnant des coups de gaz), a perdu le ressort de rappel de sa béquille (mais pas besoin de béquille pour un side !), a fait gicler des cailloux un peu partout… mais a traversé in extremis.
      C’est pourtant cette partie de route (Mutghab/Osh) que l’on m’avait annoncée comme la plus facile -ou la moins difficile-…
      Je t’avoue que seul à 4.000 mètres je n’en menais pas large.
      Crazy Old Man

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  8. Pour passer les cols sans encombre c’était les pneus ou dame Ginette (dans le side-car). tu as fait le bon choix, je vois ! bonne continuation Boté de Suisse

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  9. Maggy (c’est le nom de ma moto) n’a pas eu vraiment de faiblesse électronique ; après une nuit à Laguna Colorada à 4.250 où son patron a, lui, souffert du mal des montagnes, elle a traversé sans encombre le désert de Dali (4.750m) au pied du volcan Licancabur avant de descendre à St Pedro de Atacama au Chili ; c’est en arrivant sur la côte de l’océan indien à Antofagasta que le circuit électrique s’est mis en défaut ; faux contact du coupe circuit diagnostiqué par le mécanicien qui nous accompagnait. Très peu de pannes informatiques mais radicales car pas de réparation possible sur place ; tu as raison l’informatique quand ça lâche … Par contre un nombre significatif de nos 1200 GS a eu des problèmes avec leur suspension pilotée électroniquement ; là encore irréparable, donc bricolage et galère pour les baroudeurs et fin de partie pour les autres.

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  10. Salut Bertrand , don’t worry ! , I only start to travel with you ..No words , only pictures ( shots ) giving me a nice perfumes of your roads and trips to come at advance..Merci d’avance pour nous belles soirées hivernales a venir , dans notre BERRY si prés et si loin de tout……Bises à vous tous !

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