Dans le nord-est du Vietnam la route qui mène de la capitale, Hanoï, à Diên Biên Phu, de sinistre mémoire, est l’ancienne Route Coloniale N° 6 (QL6) jusqu’à Tuan Giao puis la route N° 279, autrefois simple piste et aujourd’hui billard bien roulant
L’ensemble devrait être classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco tant il est superbe
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C’est cette route que Ginette et Bébert se devaient de « faire » (comme ils avaient « fait » la Route 66) et, dans cette perspective, il leur fallut se procurer:
- une moto
(Si l’on peut appeler ce véhicule ainsi. Dans un premier temps ils avaient envisagé de louer une « vraie »moto, à savoir une moto de trail plus puissante mais, à l’essai, les petites jambes courtes de Bébert ne touchaient pas par terre toutes deux ensemble; c’était l’une ou l’autre; ils revirent donc leurs prétentions à la baisse et bien leur en prit : cette Honda Future de 125 cc s’avéra La machine adaptée aux routes du Vietnam. Ils ne devaient d’ailleurs croiser aucune « vraie » moto…)
chez un loueur de confiance ayant pignon sur rue
et, Ginette en ayant toujours rêvé sans jamais pouvoir se l’offrir,
- un pantalon de pluie
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La pluie, en effet, et aussi le brouillard devaient être au rendez-vous au début de leur voyage
mais très vite le soleil devait arriver
et c’était bien les lunettes de soleil de Bébert qu’un officier de police, après l’avoir fait stopper par l’un de ses subalternes,
tenta de se faire offrir avant de les essayer et de constater qu’étant aussi correctrices elles ne lui seraient d’aucune utilité…
Le voyage se poursuivit sans encombre, même si, pour visiter quelques hameaux de Thaïs Noirs (de la couleur des vêtements portés par leurs -belles- femmes), il fallut parfois emprunter des chemins interdits aux automobiles :
et après trois jours de beauté ils arrivèrent là où, soixante-et-un ans auparavant s’étaient affrontés le corps expéditionnaire français
(Ne dirait-on pas trois loubards qui viennent de voler une voiture ?)
et les stratèges vietnamiens
(Photo de propagande, bien sûr.)
Ces derniers ont gagné, mais l’Histoire a parfois des ironies apaisantes pour les vaincus : alors que les vainqueurs ont multiplié
les monuments à la victoire
les avenues de la victoire
et les musées de la victoire
tous plus hideux les uns que les autres, un légionnaire français, de sa propre initiative et sans aide, à la lisière du champ de bataille
a érigé cet émouvant cénotaphe à ses trois mille camarades morts dans la bataille (et deux fois plus dans les camps !) dont les corps n’ont jamais été retrouvés
REQUIESCANT IN PACE.
B.
Très belle initiative de votre part et merci de nous faire partager ce trajet pour aboutir à un site
qu’il est important de ne jamais oublier.
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La route est belle.
On a dû mal à croire qu’il y a 61 ans c’était un lieu de terribles affrontements !
Bébert n’a pu résister à la moto, bien que ce ne soit , ni une harley, ni une royal enfield……
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« total respect » pour nos Bébert et Ginette! Ce pont en aurait intimidé plus d’un:
Les américains se seraient fait hélitreuiller et les allemands auraient reconstruit un pont plus solide.
Ganesh veille sur vous…
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A la fois beau et triste… tristes les souvenirs de la RC 4 et RC6, des colonnes Charton et Lepage…les livres « je ne regrette rien » et « le manifeste du camp n°1 » se souviennent..Si loin déjà. Nous vous embrassons affectueusement. Gérard
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Quelle maîtrise ! vous franchissez sans ciller un pont de singe au revêtement plus que douteux. Transformer ses peurs en analyse factuelle pour ne plus considérer que l’objectif, voilà la vraie sagesse.
Quant à cette ambiguïté entre la beauté du paysage et les horreurs qui s’y sont déroulées, elle ne cesse de m’étonner par sa constance : la nature reprend rapidement ses droits, et l’homme reprend sa folie, mais dans un autre lieu.
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