En se promenant dans la rue Jeanne d’Arc à Beyrouth Bébert et Ginette étaient tombés sur cet attelage inhabituel
Intrigués, ils étaient entrés dans le café dont il arborait l’enseigne, « Bedivere », et avaient fait connaissance avec leurs propriétaire, charmant garçon prénommé Jihad (ce qui, en ce moment, ne laisse pas de lui poser quelques problèmes…)
qui, très vite, leur avait proposé de leur prêter son sidecar afin de leur permettre de faire des balades dans les environs, lui même possédant une autre moto, le sidecar ayant surtout pour fonction de signaler son établissement au public comme en témoignaient leur venue et le fait que bon nombre de touristes s’arrêtaient pour le photographier.
-« Tu verras, il tire peut-être un peu à droite » dit Jihad à Bébert, « mais c’est normal : le panier est un panier Ural tout en acier, peut-être un peu lourd pour les 29 chevaux de la Royal Enfield Bullet; je vais regonfler les pneus et changer la batterie qui est à plat et refuse la charge et, dès que cela sera fait, Ginette et toi pourrez venir le prendre; où comptez-vous aller ? »
-« A Baalbek. »
-« … »
(les impacts de balles sur le garde-boue, le panier et le réservoir sont factices et si ceux de la photo suivante ne le sont pas ils ont 25 ans)
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Au jour prévu un SMS de Jihad avertit Bébert que, faute d’avoir pu trouver une batterie, l’attelage resterait à quai; c’est donc en taxi, grâce à un chaufffeur trouvé par Fulla, la serveuse du Bedivere
(Fulla est Algérienne, étudiante en prothésie dentaire, parle un français parfait et travaille pour payer ses études)
que Ginette et Bébert se rendirent à Baalbek via le Mont Liban
(le beau jeune homme sur l’affiche n’est ni un acteur de cinéma ni un homme politique en campagne mais un membre du Hesbollah, actuellement incarcéré, dont cette organisation réclame la libération…)
et la plaine de la Bekaa
(la tristement célèbre plaine vue depuis le Mont Liban; au delà, la chaîne de l’Anti-Liban, frontière avec la Syrie)
non sans franchir six ou sept checkpoints
et croiser, à intervalles réguliers, leur compagnon de route
pour se retrouver, absolument seuls, dans l’un des sites les plus extraordinaires de leur Tour du Monde, jugez-en :
(le petit livre donne une idée de la taille de la section des colonnes)
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Mais mis à part le fait que l’on soit hors saison il y avait peut-être une autre explication à cette solitude et aussi à l’indisponibilité du sidecar : Baalbek abrite le quartier général du Hesbollah
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D’ailleurs, à y bien réfléchir, l’impossibilité de remplacer la batterie « morte », n’était-elle pas un prétexte dès lors que Jihad ayant une autre Bullet
il lui aurait été facile (et, au besoin, Bébert l’y aurait aidé) de permuter temporairement les batteries…
Pourtant à aucun moment Bébert et Ginette n’ont eu le sentiment d’un quelconque danger. Il leur a fallu rentrer en Europe, plus précisément à Athènes (mais est-ce vraiment l’Europe ?) pour risquer leur vie dans la Renault Mégane d’un chauffeur de taxi Géorgien qui, à 160 km/h sur une voie limitée à 110, lâchait le volant pour s’occuper de son GPS et de ses deux téléphones portables, ratait les sorties de l’autoroute et n’a pas hésité à s’arrêter sur une bretelle pour faire sa prière et se signer à trois ou quatre reprises; Ginette devait prétendre que c’est parce qu’il avait fait une queue de poisson dangereuse mais Bébert, qui était pourtant à la place dite « du mort », n’a rien vu. Crise mystique, plutôt ?
Le danger n’est jamais là où on l’attend, et c’est précisément pour cela qu’il est dangereux.
B.
(lequel des deux est le plus dangereux ?)
Votre tour du monde prend une tournure périlleuse !!!!
Alors que la chance soit avec vous……. pour un retour en douceur.
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Excellent cet enchainement et merci pour le partage sur ce site de baalbek qui semble grandiose :). Puisque vous semblez être en Grèce, je ne peux que vous recommander Mycène, et ses constructions cyclopéennes qui m’ont laissé un grand souvenir. ainsi que le petit village du bout du bout dans le Péloponnèse, celui le plus au sud…. pour un peu on restait la bas ;-). Il faudra pour cela louer une voiture plutôt que de se laisser transporter par des locaux fous.
grosses bises, enjoy your trip
Isabelle
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Balbek: oui, grandiose, nous l’avons visité une journée (en provenance de Syrie….) il y a 5 ans, mais il y avait alors beaucoup de touristes. Vous l’avez eu pour vous…tous seuls!
Faites attention ; à force de côtoyer le danger….Bonne journée, Boté
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encore ceci: je vois que les km et les aventures te font rajeunir, Ginette! Tu es superbe!
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Jihad… Alger, 2003. Une collègue de travail me propose de m’accompagner dans un resto où son frère tient les fourneaux. Comment s’appelle-t-il ? Oussama. En 2003, ce prénom était « suggestif » pour les occidentaux 😉
Votre voyage fait resurgir en moi les souvenirs de mes propres voyages…
PS : Cet Oussama aurait sa place dans les cuisines des grands chefs français, quel souvenir !
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