LES GRANDS ESPACES (Aux ami(e)s de la Royal Association)*

Ekaterinbourg (Russie asiatique), le 2 août 2018.

 

Qui n’a jamais rêvé en écoutant Dans les steppes de l’Asie Centrale d’Alexandre Borodine ?

Je suis sûr de ce que mon attirance pour cette région du monde vient de là, et aussi de l’avant-goût que nous en avons eu, Geneviève et moi, lorsque l’année dernière nous avons traversé le Kazakhstan du sud au nord pour rejoindre la Transsibérienne.

Il faut aussi en trouver la cause dans ce goût que j’ai des longues heures au guidon que seuls les grands espaces peuvent offrir.

C’est un copain qui m’en a fait prendre conscience : « Bastos »,  Jean-Luc Guenot pour l’état-civil. J’avais fait sa connaissance à l’hivernale des Blaireaux Treffen, en Ardèche; au guidon d’un attelage Bullet/Black Pearl il avait parcouru 600 kilomètres dans le froid, un bout de carton collé au pare-brise du panier pour protéger son singe du courant d’air glacé qui souffle entre la moto et le sidecar. Comme il s’apprêtait à faire de même pour rentrer chez lui je lui ai demandé :

-« Mais cela ne te dérange pas de rouler dans le froid et la neige pendant des heures et des heures ? »

-« Non, au contraire j’aime ça ! J’adore les longs trajets à moto et comme avec un tel engin l’on ne va pas bien vite le seul plaisir que l’on puisse y prendre c’est la durée. »

Et bien je crois que je suis comme lui : trop vieux pour faire de la vitesse, trop malhabile pour circuler en tout-terrain (trial ou même trail) je prends mon plaisir dans la distance, c’est à dire l’espace ou, plus précisément, les grands espaces.

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Cette fois-ci ils ont commencé en Iran

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ponctués, tous les trente kilomètres (distance journalière d’une caravane) par des caravansérails…ou ce qu’il en reste

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(La grande exploratrice suisse Ella Maillard, qui, dans les années trente, avait suivi une caravane, évaluait sa vitesse à 5 km/h; en moyenne un motard va quand même dix fois plus vite…)

Ils se sont poursuivis au Turkménistan

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puis en Ouzbekistan

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mais c’est sur les hauts-plateaux du Tadjikistan et du Kirghizstan qu’ils furent les plus impressionnants car aux dimensions horizontales s’ajoutaient la dimension verticale

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et une indicible beauté

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Mais mes grands espaces préférés restent quand-même ceux de l’Amérique du Nord (Canada et Alaska) et ceux de la Sibérie, et pour cause : ce sont les mêmes

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(En passant au bord de ce lac j’ai cru qu’il allait déborder sur la route tant son niveau m’apparaissait supérieur à celui de la chaussée; en réalité ce n’était pas un lac -bien que la région en soit constellée- mais un champ de fleurs bleues… Voilà le genre de merveilleuses surprises que seuls les grands espaces peuvent vous offrir.)

Mais nos rêves ne sont pas tissés que de musique : la littérature en forme aussi la trame, et le cinéma, et l’enfant que j’étais n’a peut-être pas été insensible au western The Big Country sorti en 1958 aux Etats-Unis et un an plus tard en France sous le titre… Les Grands Espaces.**

B.

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(Ne dirait-on pas l’Alaska Highway ?)

 

* Qui me pardonneront de ne pas avoir entrepris ce voyage au guidon d’une Bullet…

**Désolé, je n’arrive pas à insérer la vidéo. Mais elle est disponible sur YouTube.

9 réflexions sur “LES GRANDS ESPACES (Aux ami(e)s de la Royal Association)*

  1. Peut-être par opposition avec notre pays de montagnes ? J’aime aussi les grands espaces, et puis, au bout d’un moment, il manque quelque-chose dans l’Horizon ;). Toutefois tu as la chance de conjuguer les deux ! Mon petit Bertrand, il va falloir que tu arrêtes de voyager avant mes congés, car le virus des pays de l’est me reprend. Alors que nous devions partir sagement dans le nord de la France, le revirement est en cours…. affaire à suivre ! bises, continue à nous faire rêver 🙂

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    1. les grands espaces, comme seule alternative à notre vision du monde bien trop étriquée…
      Et comme tu le dis si bien mon bebert, ecoutez sur YT la musique du film du même nom et elle vous entrainera immédiatement au confins du monde .
      La bise
      le riri

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      1. Et pendant que vous y êtes, n’oubliez pas « Danse avec les loups » la merveilleuse musique de John Barry…. On y est déjà !

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  2. Étrange ce besoin de grands espaces , chez nous entre le Pas de l’Escalette et le Viaduc de Millau, il y a les grandes Causses, des étendues arides a perte de vue. A chaque fois que je passe par là , voiture ou moto, il faut que je m’arrête juste pour contempler et chercher à voir au plus loin l’invisible ….
    Merci Bertrand pour ces belles images ….

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  3. Rouler longtemps …. c’est ça qui est bien !
    Complètement d’accord avec :
    « Non, au contraire j’aime ça ! J’adore les longs trajets à moto et comme avec un tel engin l’on ne va pas bien vite le seul plaisir que l’on puisse y prendre c’est la durée. »
    toi tu rajoutes les grands espaces, c’est bien aussi …. en plus… les grands espaces… ça fait réfléchir et… relativiser
    encore, encore, encore !

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  4. Tu me rappelles les grands espaces traversés en 2008 lors de notre périple sur la Route de la Soie!
    Je comprends ton envie du large, d’un espace – temps qui coule au ralenti…
    Quelle belle aventure tu es en train de vivre!
    Boté

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  5. Question à poser à ceux qui vivent dans ces grands espaces : ont-ils le même attrait mais pour les espaces confinés, la ville par exemple ? La réponse serait alors que l’on est naturellement attiré par le contraire de notre environnement habituel.
    Sauf bien sûr les agoraphobes et les grégaires qui ne peuvent sortir de leurs milieux respectifs.
    Mais intéressant de constater que tous nous avons un penchant pour ces grands espaces et pour les longues routes.

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